Nous avons décidé de changer le programme, laissant nos amis VTTistes continuer à s’amuser sur les singles de Château Arnoult, et avons décidé d’avancer un peu vers Grenoble pour faire le col de Perty et les gorges de Méouges dans la région des baronnies provençales. Au programme, 100km et 1350m de dénivelées en 2 cols. Les jambes sont lourdes au démarrage et on a du mal à trouver notre rythme sur le faut plat montant qui nous mène au pied du premier col. On passe à Orpierre, qui avec son site d’escalade et ses falaises, nous offre une petite pause : Edmond doit s’acheter son pain au chocolat … qui passera la journée dans son sac de guidon ! Au pied du col, on entre dans la Drôme. Un panneau indique le sommet à 8,4 km, à 5,6% de moyenne. Pas de quoi nous faire peur. La route s’élève régulièrement dominant le vallon. Les vues sont tout simplement merveilleuse, la route est déserte, on a dû croiser deux voitures et quatre motos. Edmond dit que ses jambes ne suivent pas mais bon … il avance très bien quand même, lentement mais sûrement, attiré par le sommet que l’on voit de plus en plus proche - et par l’idée du pain au chocolat bien au chaud dans sa besace -. La météo est idyllique, les couleurs et les paysages font rêver. Plus que deux km à 6%, j’en profite pour les faire à bloc, et c’est vrai que cette fois, je l’attends bien quelques minutes en haut. Quelle vue ! D’un côté la vallée de Labourel, verte et clairsemée de petits champs de lavande dessinés au bord de la route sinueuse qui mène au col, avec les massifs alpins enneigés comme toile de fond. De l’autre, le paysage plus aride du parc des baronnies provençales, dominés par le Ventoux.
On se lance dans une longue descente de 18km avec un vent de face qui bride nos rêves de vitesse, mais nous permet d’un autre côté de mieux profiter du paysage. Arrivé à Saint Auban sur l’Ouvèze, on attaque le deuxième col. Plus petit, mais assez raide sur les deux premiers km. Il reste ensuite quelques km de faux plat montant que nous gravissons sans problème, aidé par le vent qui est désormais dans le bon sens. Tout à coup, un café-resto ! Ca tombe bien, il est midi, on roule depuis trois heures sans caféine, et il reste encore 45km de parcours.
Une centaine de mètres de dénivelé plus tard, nous sommes au col. La descente commence. La pente est très douce, assez régulière, en ligne droite. Il faut pousser sur les pédales pour maintenir le 35-40 km/h, Edmond est dans ma roue. A cette vitesse, on sera en moins d’une heure à la voiture. Mais j’ai du mal à la tenir, d’autant que le vent tourne … Edmond me relaie un peu, ça fait du bien. Je reprends mon souffle avant de relancer. Tout à coup, la physionomie de la route change, ce sont les prémices des gorges de la Méouge. Des collines maintenant nous protègent un peu du vent, et des virages viennent rompre la monotonie de la route. On passe à côté d’un petit spot près de la rivière, que l’on choisit pour pique-niquer. L’endroit est idyllique, à côté du ruisseau. On y ferait bien la sieste. Pas possible on a déjà prévenu nos familles que l’on serait à la maison à 17h, il faut bien finir les 28km restants.
Ca commence à être pénible de remonter sur nos machines… Les jambes sont lourdes, le moral fébrile. C’est le moment qu’ont choisi les dieux du cyclisme pour nous prouver qu’ils nous accompagnaient. Un groupe de quatre cyclistes nous doublent à pleine allure. Vite, prenons les roues ! Nous sommes toujours dans des faux plats descendants, et on se laisse glisser bien protégés en queue de groupe. On entame la conversation, ce sont quatre femmes qui viennent de Gap et qui ont font le même parcours que nous pour changer d’air et de routes. Edmond leur raconte nos exploits du week-end, avant de me glisser à l’oreille d’aller prendre un relais à l’avant pour tirer le groupe. Les 4 en même temps ? Rires … Bon c’est d’accord, je le laisse draguer à l’arrière et vais prendre mes relais … On s’amuse au sein du groupe à se relayer de manière totalement désorganisée, et l’air de rien, on file un bon train lorsque démarre la portion majestueuse des gorges de la Méouge. La falaise surplombe la route, qui surplombe elle-même la rivière en contrebas. La route est étroite, et on profite pleinement de la beauté des gorges que la vitesse – on est toujours en légère descente - nous donne l’impression de littéralement survoler. Quelles sensations !!! Oubliés les maux de jambes et de selle, oubliée la fatigue de toutes ces heures passées sur la bécane. Le temps s’arrête et les bornes défilent. Je me laisse décrocher pour mitrailler le paysage. Sortie des gorges, nous remercions et prenons congé de nos accompagnatrices, qui en profitent pour nous présenter leurs maris, arrêtés au bord de la route. Fin du rêve. Les 10 derniers kilomètres sont beaucoup plus pénibles. Heureusement qu’on arrive ! Dernier bistrot. C’est l’heure de ma bière et du perrier-pain au chocolat d’Edmond, qui doit encore conduire pour rentrer au Versoud (merci à lui !).
Bilan du jour : 98,2 km en 4h07, 23,8 km/h de moyenne, 1350m de dénivelé. Les vacances sont finies, dommage, on aurait certainement dépassé les 25km/h s’il y avait eu un jour de plus.
